Parce que tout (99% des marchandises) transite par la route, il existe des lieux de stockage. Petits, moyens ou entrepôts gigantesques, ces lieux regorgent de valeurs et attirent les convoitises.
Salariés ou opportunistes de passage, comment protéger ces trésors destinés aux magasins ou aux particuliers ? Quelle sécurité a été pensée pour éviter les vols et les dégradations ? Comment les Dirigeants de ces sociétés peuvent-elles identifier les « brebis galeuses » qui mettent à mal leur réputation et créent des préjudices colossaux ?
La caverne d’Ali Baba
Les larcins au sein des entreprises existent depuis toujours, peu importe le secteur d’activité de l’entreprise. Tout ce qui peut potentiellement être « gratuit » et qui nécessite plus ou moins d’effort pour être dérobé devient intéressant de fait.
Certaines entreprises sont pourtant des cibles de choix quand il s’agit de vol, voire de vol organisé : celles du transport routier.
Elles ont en effet tous les attraits pour les voleurs opportunistes, occasionnels ou aguerris. D’abord, les produits qui transitent sont nombreux : on brasse à la palette, à la tonne et on en fait pas de cas. Les plateformes, de toutes tailles, voient défiler des milliers de marchandises dans une routine abrutissante.
Enfin, on pourra noter la multitude de produits différents. Au cœur des entrepôts, si vous voyez défiler le lundi des dizaines de palettes de téléviseurs, il est tout à fait possible que le lendemain, ce soient des chocolats. Le fret est varié et l’occasion faisant le larron… certains se servent selon les bonnes affaires.
Ces petits chapardages coûtent cher et mis bout à bout deviennent un problème réel.
Et la sécurité dans tout ça ?
Les protocoles de sécurité dans les entrepôts, aux abords de ces derniers et dans les véhicules sont souvent minimalistes. Ça coûte cher, ça s’entretient et surtout ça se pense. Les entrepreneurs les plus avertis investissent des sommes astronomiques, parfois en dépit du bon sens, persuadés que l’efficacité ne sera pas à démontrer. Et pourtant… lorsque tous les salariés ont connaissance des dispositifs mis en place (comme la loi l’oblige), s’organise alors toutes les combines qui permettent de sortir de la marchandise à la barbe du Dirigeant qui ne comprend pas comment c’est possible.
Le problème est le même quand il s’agit de siphonner des véhicules. Les Poids lourds, qui peuvent délivrer des centaines et des centaines de litres sont des pompes ambulantes attaquées de manière régulière au sein de l’entreprise ou sur la route.
Là encore, les dispositifs pensés pour protéger le précieux liquide sont bien en place, condition sine qua non pour plaire aux assurances qui veulent bien rembourser les pertes mais… pas à 100% et pas du tout si aucune précaution n’a été prise.
Mais de quelles précautions parle-t-on au juste ? La jauge alerte censée prévenir quand le niveau baisse soudainement ? Les goulottes à petits trous censées éviter l’insertion des tuyaux de gros diamètre ? Ou encore la serrure qui condamne le bouchon d’ouverture ? Aucune de ces inventions n’empêche évidemment le siphonnage. Pire, elles ne le retardent même pas. 400 litres peuvent disparaître en 10 minutes, c’est une affaire de connaissance.
Les entrepreneurs, suivant ce constat, sont désemparés. Fort heureusement, tous n’ont pas à subir des vols réguliers qui pourraient mettre en péril leurs sociétés. Pour beaucoup, il s’agit de vols occasionnels qu’on ne cherche pas à élucider.
Mais pour d’autres, quand le loup est entré dans la bergerie, salarié ou ex-salarié notamment, ces vols à répétition deviennent une source d’angoisse et un problème économique fondamental. L’hémorragie est déclarée, ne s’arrête pas, et pire encore risque de contaminer le troupeau.
Mais que fait la police ?
Le vol, au sens pénal (art.311-1), est un délit qui devrait intéresser la force publique. Mais les retours que nous avons démontrent que cela n’est pas toujours le cas pour des raisons variées : pas d’effectif à déployer, pas de temps, préjudice trop « petit », etc etc.
Les plaintes se classent sans suite de façon récurrente et quand l’entrepreneur a des soupçons réels sur une personne, il arrive qu’il fasse le mauvais choix en la licenciant sans discussion. Cette stratégie brutale ajoutera à sa peine et allégera ses finances lorsqu’il perdra aux prud’hommes. Parce qu’évidemment il perdra. C’est à l’employeur de prouver que le salarié a cherché à nuire à l’entreprise, ses soupçons ne peuvent suffire à se prévaloir du manque de loyauté de son salarié.
Le détective privé est un allié à ne pas négliger
C’est dans un contexte tendu que l’entrepreneur appelle en général le détective privé. Nous arrivons en période de crise, quand le Dirigeant est sans solution et il faut le dire assez en colère, surtout quand il est sûr que les marchandises disparaissent sous son nez dans les mains d’un employé qu’il côtoie tous les jours.
Pour identifier le/les auteur(s) et le mode opératoire, il s’agit d’être patient et discret. Les détectives ont toutes les compétences pour agir et découvrir qui fait quoi, tenter de quantifier les pertes et dans le meilleur des cas, retrouver à qui est destinée la marchandise et où elle est stockée (recel de vol).
Suivant des méthodes parfaitement légales et qui font leurs preuves, ces éléments servent la force publique qui, quand elle a tout en main, arrive à trouver le temps d’intervenir. Des flagrants délits sont même envisageables.
Il est à préciser que dans certaines affaires, le problème se résout en interne. Le chef d’entreprise, qui disposera de tous les éléments collectés utiles pour confondre l’auteur, négociera un départ à l’amiable s’il s’agit d’un salarié impliqué.
Cette médiation au sein de l’entreprise peut arranger les deux parties, car soyons clair, un chef d’entreprise n’a pas de temps à consacrer aux procédures et l’employé, rouge de honte, apprécie que cela ne s’ébruite pas.
Loin des adultères et au cœur des entreprises, nous avons toute notre place dans ce secteur particulier qui n’intéresse pas grand monde parce qu’au fond, sur les tonnes de marchandises qui passent, un petit larcin c’est peu de chose.